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dijous, 14 de desembre del 2023

Lexique roman. Tome second. 1836. Introduction.

Tome second.

1836.


Introduction.

Dans ce travail préliminaire je recherche et j' expose les nombreuses affinités; les rapports souvent identiques; des six langues néolatines:

La langue des troubadours,

La langue catalane,

La langue espagnole,

La langue portugaise,

La langue italienne,

La langue française.

J' entreprends, pour la lexicographie de ces idiômes, ce que j'ai tâché d' exécuter pour la comparaison de leurs formes grammaticales.

(1: Voyez le tome VI du Choix des Poésies originales des Troubadours; des exemplaires de ce volume avaient été tirés à part, sous le titre de Grammaire comparée des Langues de l' Europe latine dans leurs rapports avec la Langue des Troubadours. Paris, Firmin Didot, 1821 y in-8.)

J' ose espérer que le résultat de mes investigations démontrera  évidemment l' origine commune des diverses langues de l' Europe latine, et ne laissera plus aucun doute sur l' existence ancienne d' un type primitif, c'est-à-dire d' une langue intermédiaire, idiôme encore grossier sans doute, mais qui pourtant était dirigé par des principes rationnels, notamment quand il s' appropriait, sous des formes nouvelles, plusieurs des mots de la langue latine.

A l' époque où l' irruption des hordes du Nord eut conquis, ou pour mieux dire dévasté les provinces méridionales de l' empire romain, les hommes de l' invasion d' abord campés sur les débris de cet empire, et les anciens habitants qui avaient échappé aux périls et aux malheurs de la destruction, éprouvèrent également le besoin d' exprimer les uns aux autres les idées, les sentiments qui, à chaque jour, à chaque heure, à chaque instant, exigeaient une rapide et intime communication: mais les anciennes populations n' entendaient presque plus la langue latine, et les étrangers l' entendaient moins encore.

Cette crise morale et politique, ces nécessités réciproques, favorisèrent la création d' une nouvelle langue dérivée du latin, ce fut la romane rustique. (1: Voyez les Éléments de la Langue romane avant l' an 1000; tome Ier du Choix des Poésies originales des Troubadours. Paris, Firmin Didot, 1816.)

Me demandera-t-on à quelle époque précise la langue latine, ainsi modifiée et remaniée, devint un nouvel idiôme à l' usage des populations qui occupaient le midi de l' Europe?

Je répondrai, sans hésiter, que la transmutation était, sinon entièrement achevée, du moins très avancée, lors des serments de 842; j' aurais pu même dire long-temps avant ces serments, puisque leur existence suppose un langage déjà convenu dans une nation, entendu et compris par les princes, les grands et le peuple, qui figurèrent tour à tour dans ces actes solennellement politiques.

Ces serments ont conservé et transmis des exemples, des fragments, sans doute trop peu considérables de cette rustique romane, annoncée comme populaire dans les conciles de 813; toutefois ces débris suffisent à constater l' existence d' un idiôme fortement esquissé, qui déjà se suffisait à lui-même, parce qu' il possédait les habiles moyens de former, d' après un système à la fois facile et arrêté, les mots nécessaires aux communications de la famille et de la société, et à la marche de la civilisation; aussi j' ose dire que les serments de 842 n' appartiennent pas seulement à une époque de création, mais encore à une époque de progrès.

Cet idiôme rustique roman était évidemment celui des habitants de l' empire français, sujets de Charles-le-Chauve, auxquels s' adressait le serment de Louis-le-Germanique, comme parties intéressées à son exécution, et qui eux-mêmes, se rendant garants des promesses de Charles-le-Chauve leur prince, répondirent dans le même langage.

Je l' ai déjà dit, et je le répète: le style de ces serments est encore grossier et informe; il paraît barbare aux personnes qui n' ayant pas fait une étude approfondie des langues néolatines, n' ont pas étudié leur origine, et, pour ainsi dire, assisté à leur formation, aussi simple qu'  ingénieuse; mais j' espère fournir les moyens de juger moins sévèrement cette romane rustique.

Mettrai-je sur le compte des copistes quelques fautes de transcription qui leur sont évidemment échappées? Non, sans doute. Ne suffit-il pas que les textes des deux serments offrent, dans leur ensemble et dans leurs détails, plusieurs accidents lexicographiques et grammaticaux, singulièrement remarquables et incontestablement décisifs, soit par leur existence en 842, soit par leur influence sur les langues de l' Europe latine?

Voici le texte de ces serments:

Serment de Louis le Germanique.

Pro Deo amur et pro xristian poblo et nostro commun salvament d' ist di en avant, in quant Deus savir et podir me dunat, si salvarai eo cist meon fradre Karlo et in ajudha et in cadhuna cosa; si cum om per dreit son fradra salvar dist, in o quid il mi altresi fazet; et ab Ludher nul plaid nunquam prindrai qui, meon vol, cist meon fradre Karle in damno sit. 

(1: 

1.° Les lettres capitales indiquent les mots qui sont restés dans une ou plusieurs des langues néolatines;

2°. Les lettres italiques, les mots qui, avec une très légère modification, telle que le changement ou la suppression d' une voyelle, d' une consonne, appartiendraient à une ou plusieurs de ces langues;

3°. Les caractères romains désignent les mots purement latins;

4°. Les gothiques, les mots qui n' entrent dans aucune de ces trois classifications.)

Serment du peuple français.

Si Loduuigs sagrament que son fradre Karlo jurat, conservat, et Karlus, meos sendra, de suo part non lo stanit; si io returnar non l' int pois; ne io, ne neuls cui eo returnar int pois, in nulla ajudha contra Loduwig nun li iver.

Observations sur les serments.

Dans le serment de Louis-le-Germanique se trouve le mot salvament; il n' était pas fourni par la langue latine, qui n' a que salvatio.

Qu'on ne soit pas surpris de cette transmutation; la romane rustique possédait déjà l' artifice lexicographique de s' approprier la racine des mots latins, et d' y adapter des désinences différentes et spéciales. 

(2: Le mot salvamentum, comme latin de basse latinité, paraît, en 857, employé dans une allocution de Charles-le-Chauve, qui pourrait bien n' être que la traduction d' un texte roman, et qui conserve beaucoup des tournures des serments de 842.)

C'est une circonstance très remarquable que ce remaniement du mot salvatio par la romane rustique, mais ce qui est plus étonnant c'est que le substantif Salvament se retrouve dans les six langues néolatines:

Troubadours. Salvament. Cat. Salvament. Esp. Salvamiento.

Port. Salvamento. It. Salvamento. Fr. Saulvement.

M' accusera-t-on de me faire illusion quand je trouve, dans un fait aussi frappant, la preuve d' une antique et incontestable affinité entre les langues néolatines, c'est-à-dire l' évidence d' un type commun, d' après lequel chacune s' est ensuite développée, en s' abandonnant au caractère particulier qui l' a distinguée?

Objectera-t-on que c'est là un phénomène qu' une série de circonstances heureuses a produit? Je répondrai en citant un autre mot qui, dans le même serment, offre une pareille transformation. C'est le mot roman Ajudha au lieu d' Adjutorium latin; la rustique romane avait changé ce dernier substantif neutre en un substantif féminin roman, Ajudha, employé dans le serment de Louis-le-Germanique et dans celui du peuple français. (1)

Ce même mot, dont la transmutation était jusqu'à présent restée inaperçue, comme celle de salvatio en salvament, se retrouve aussi dans les six langues néo-latines.

Troub. Ajuda. Cat. Ajuda. Esp. Ayuda.

Port. Ajuda. It. Ajuto. Fr. Ajude.

Dans le même serment de Louis-le-Germanique, il est un substantif qui n' appartient pas à la langue latine, le mot Plaid, traité, accord, plaid. 

(2: Vossius, de Vit. Serm., lib. IV, p. 722-3.)

Ce mot est resté dans les six langues néolatines:

Troub. Play, plait. Cat. Plet. Esp. Pleyto (N. E. pleito; chap. pleite)

Port. Pleito. It. Piato. Fr. Plet, plaid.

Qu' il me soit permis d' appeler une attention plus spéciale sur le substantif indéterminé OM roman; d' homo latin, employé dans le serment de Louis-le-Germanique.

Non seulement OM y remplit la fonction de substantif indéterminé; comme il la remplit toujours dans la langue française; mais encore il paraît, par les plus anciens monuments des langues néolatines, que toutes l' avaient conservé avec la même acception.

Troub. Om, hom. Cat. Hom. Esp. Omne, ome.

Port. Ome. It. Uom. Fr. Hom, on.

Cette forme hardie, qui, par un seul substantif, exprime une pluralité indéterminée, est très ancienne dans les langues néolatines.

Le poëme de Boèce, écrit avant l' an 1000, en offre l' emploi.

No comprari' om ab mil libras d' argent. (v. 198.)

On n' achèterait pas avec mille livres d' argent.

Les lois de Guillaume-le-Conquérant; qui datent de la seconde moitié du XIe siècle; nous montrent plusieurs exemples de ce substantif indéterminé.

Et de tant os cum home trarad de la plaie.

Lois de Guillaume-le-Conquérant, art. XII.

Et d' autant d' os comme on tirera de la plaie.

Si femme est jugée à mort u à defaçum des membres, ki seit enceinte, ne faced l' um justice dès qu' ele seit delivrée.

Lois de Guillaume-le-Conquérant, art. XXXV.

Si femme, qui soit enceinte, est jugée à mort ou à destruction de membres, qu' on ne fasse justice jusqu'à ce qu' elle soit délivrée.

La langue latine n' avait pas indiqué aux peuples qui bégayaient la romane rustique cet art d' individualiser une généralisation et de faire connaître par un substantif spécial que plusieurs personnes pensent, parlent agissent, soit ensemble, soit de la même manière.

Que cette forme ait été inventée par la romane rustique, ou qu' elle ait été empruntée d' un idiôme alors existant, la création ou l' imitation, adoptée par toutes les langues néolatines; peut-elle laisser quelque doute sur l' existence d' un type commun et primitif?

La romane rustique présente deux fois, dans le serment de Louis-le-Germanique, l' adjectif relatif Cist, formé du latin hiC ISTe.

Une telle transmutation n' indique-t-elle pas une langue qui a l' art heureux de composer avec les éléments latins les mots qu' elle veut adapter aux besoins de l' expression?

Cadhun fut un mot singulièrement composé, puisque le radical Cada, auquel Un fut adapté, ne se trouve pas dans la langue latine.

Est-ce lors de ses premiers essais, et de ses tâtonnements encore indécis, qu' une langue nouvelle peut ainsi composer des mots hybrides? Non, sans doute; ce n' est que de progrès en progrès qu' elle parvient à s' approprier de telles ressources.

O, d' HOC latin neutre;

LO, régime, substantif relatif, le, s' appliquant aux choses;

L', élision de LO, régime, substantif relatif, personnel, le;

IL, substantif relatif, personnel, sujet, il;

LI, substantif relatif, personnel, régime indirect, à lui,

sont des créations ou transmutations qui démontrent un système grammatical et lexicographique déjà très avancé; une habileté très exercée dans l' art de dériver du latin les expressions nécessaires à la nouvelle langue.

Le que, adjectif relatif, qui est devenu à la fois sujet et régime dans toutes les langues néolatines, emprunté à l' accusatif latin quem, est un fait qu' il importe de signaler particulièrement. Ce que est devenu un mot essentiel et très usuel dans ces langues.

Troub. Que. Cat. Que. Esp. Que.

Port. Que. It. Che. Fr. Que.

Dans le même serment de Louis-le-Germanique, on lit l' adverbe altresi, composé d' alterum sic. Cette sorte de création lexicographique prouve évidemment l' existence non seulement actuelle, mais même très ancienne, de l' idiôme qui se donnait ainsi des adverbes composés. Ce fait seul serait très remarquable, très décisif; mais il y a plus, cet adverbe de la romane rustique s' est conservé dans les six langues néolatines.

Troub. Atresi. Cat. Altresi. Esp. Otrosi.

Port. Outrosi. It. Altresi. Anc. Fr. Altresi.

Cette décomposition de la langue latine et la recomposition romane ne démontrent-elles pas; jusqu'à la dernière évidence, que cette langue rustique, dont il nous reste ces deux fragments de l' an 842, possédait à un haut degré l' art de créer, avec les éléments latins, les mots qui lui convenaient pour exprimer ou plus clairement ou plus rapidement les sentiments et les idées?

De l' adverbe latin quomodo, la rustique romane, enlevant la désinence odo, produisit l' adverbe ou conjonction Quom, Cum, que les langues néolatines adoptèrent.

Joint à si; de sic latin, Com forma une conjonction composée qu' on trouve dans le serment de Louis-le-Germanique.

Le poëme de Boèce employa Cum et Sicum.

Lainz contava del temporal, cum es,

De sol et luna, cel et terra, mar, cum es.

Poëme sur Boèce, v. 97 et 98.

Là il contait du temporel, comme est;

De soleil et lune, ciel et terre, mer, comme est.

Si cum la nibles cobr' el jorn, lo be ma.

Poëme sur Boèce, v. 133.

Ainsi comme le brouillard couvre le jour, le bien matin.

Troub. Com. Cat. anc. Esp. anc. Port. anc. It. anc. Fr. Com.

It. mod. Come. Fr. mod. Comme.

Troub. Si com. Cat. Axi com. Esp. Así como.

Port. Assim como. It. Si come. Anc. Fr. Si com.

La préposition AB, employée dans le sens d' avec, comme le constate le serment de Louis-le-Germanique, n' est restée que dans la langue des troubadours et dans la langue catalane. (N. E. como si fueran distintas.)

Mais quoique AB n' ait pas été expressément conservé ou adopté par les autres langues néolatines, je dois dire que la préposition A, contraction évidente d' AB, quand elle offre le sens d' avec se retrouve dans ces langues. (1: (1) Voyez ci-après le Lexique roman, p. 3.)

N' était-ce pas aussi un habile remaniement de la langue latine que de former le verbe Retornar, employé deux fois dans le serment du peuple Français, dans le sens de ramener, détourner, en ajoutant l' augment RE au primitif latin tornare? (2: Voyez l' introduction contenant les preuves historiques de l' ancienneté de la langue romane, t. Ier du Choix des Poésies originales des Troubadours, p. IX.)

Ce verbe de la romane rustique retornar, a aussi été adopté par les six langues néolatines:

Troub. Retornar. Cat. Retornar. Esp. Retornar.

Port. Retornar. It. Ritornare. Fr. Retourner.

J' ai annoncé l' existence d' accidents grammaticaux qui prouvent que la langue romane rustique avait créé ou adopté des formes spéciales, des principes caractéristiques. J' indiquerai notamment quatre de ces accidents dont l' existence est constatée par les serments de 842.

1°. Il en est un qui paraîtra de peu d' importance; toutefois, uni aux autres preuves, il sert à les corroborer.

Dans mes travaux précédents (1) j' avais eu occasion d' énoncer que les prépositions DE et A, qui dans l' organisation de ces langues suppléent, par leur action, au défaut des désinences indicatives des cas, étaient souvent supprimées devant les noms propres, et on sait que cette

forme est long-temps restée dans la langue française, qui, aujourd'hui même, en conserve encore des vestiges dans les mots Fête-Dieu, Hôtel-Dieu, etc., etc., où DE est supprimé.

(1: Grammaire romane, articles. - Grammaire comparée, etc., pages 20-22.)

Cette forme spéciale se trouve dans les serments de 842.

Pro () Deo amur; DE supprimé;

() Cist meon fradre in damno sit; A supprimé;

Que () son fradre Karlo jurat; A supprimé.


2.° La rustique romane, en acceptant les mots latins, retranchait ordinairement la désinence: de l' infinitif en ARE, elle fit AR, signe caractéristique du présent des infinitifs de la première conjugaison: 
aussi on lit dans les serments, Salvar, Returnar.

3° Un des artifices grammaticaux de la nouvelle langue, fut de composer son futur de l' indicatif, en adaptant, à ce présent de l' infinitif, le présent ou la désinence du présent du verbe haver; avoir.

Salvar suivi d' AI, première personne du présent de l' indicatif du verbe Aver, produisit la première personne du futur dans Salvarai. (1)

Prindrai fut formé de la même manière de l' infinitif Prindre, et d' AI première personne du présent de l' indicatif d' aver. (2)

Je ferai remarquer que l' existence de ces deux futurs, dans les serments de 842, démontre que la conjugaison du verbe aver employait AI à la première personne du singulier, et il est sans doute permis d' en conclure qu' à cette époque ce verbe possédait sa conjugaison régulière, telle qu' elle s' est trouvée établie par les preuves que des citations d' ouvrages très anciens ont fournies.

En effet, dans des actes de 960 (3) on trouve:

La seconde personne du singulier en AS, daras;

La troisième personne en A, devedara;

La première personne du pluriel en EM, darem;

La seconde en EZ, commonirez;

La troisième en AN, absolveran.

(1) J' ai eu occasion de dire et de prouver que le conditionnel roman fut formé de la même manière, en joignant au présent de l' infinitif l' imparfait ou la désinence de l' imparfait du verbe aver.

(2) Et ainsi des autres personnes:

Sing. 2e. Salvaras.

3e. Salvara.

Plur. Ire. Salvaravem.

2e. Salvaravetz.

3e. Salvaran.

De même de prindre, prendrai, prendras, prendra, etc.

(3) Choix des Poésies originales des Troubadours, t. II, p. 40 et suiv.


L' ancien français offre des exemples frappants de la forme primitive de ce futur, quand, au lieu d' aurai, aura, il dit averai, averad.

Celui qui l' averad troved.

Lois de Guillaume-le-Conquérant, art. VII.

Ou vuelle ou non, je l' averai.

Roman du Renart, Chabaille. Var., p. 182.

La langue des troubadours avait une sorte de futur composé an a far; 

l' espagnole dit encore ho a far, etc.

La langue portugaise, outre le futur ordinaire, avero, averas, etc. a conservé un futur composé:

Ho de aver, j'ai à avoir.

Has de aver, tu as à avoir.

Ha de aver, il a à avoir.

Si l' on m' oppósait que des langues néolatines terminent la première personne du futur au singulier, non par AI mais par È ou O, etc., je répondrais que cette circonstance même confirme le principe; car les langues n' ont pas HAI à la première personne du verbe aver (N. E. Lo chapurriau sí, hai o hay + partissipi), mais HÉ, HO, etc., etc.; ensuite elles prennent à la seconde et à la troisième, AS, A; en se conformant toujours à leur propre conjugaison du verbe aver.

L' existence des deux futurs contenus dans les serments de 842, permet donc d' admettre qu'à cette époque les règles des conjugaisons des verbes, et surtout celles du verbe aver, étaient établies, connues et observées.

4°. Mais la circonstance qui, dans les serments de 842, achève de constater l' existence parfaite de la langue romane rustique, c'est d' y trouver son caractère le plus essentiel, sa forme la plus spéciale, le signe qui dès lors distinguait le sujet du régime par la présence ou l' absence d' un S final.

On y remarque:

Sujets. Régimes.

Deus, Deo.

Loduuigs, Loduwig.

Karlus, Karlo, Karle.

Meos, Mon, meon.

Neuls, Nul.

Aucun S final n' accompagne les autres mots employés comme régimes, amur, salvament, xristian, fradre, dreit, Ludher, plaid, vol, sagrament, etc.

Ai-je besoin d' insister sur les conséquences qu' on peut tirer de l' existence de cette règle avant 842? Qui ne serait convaincu de l' ancienneté de la langue rustique primitive, quand on reconnaît que, dès cette époque, elle employait un mécanisme aussi simple et aussi ingénieux, et surtout aussi utile à la clarté du discours?

Tels sont les signes principaux qui révèlent dans les serments de 842 l' existence d' une langue déjà formée, soumise à des principes constants et à des règles fixes.

Ces serments contiennent cent quatorze mots.

Quatre-vingt-cinq (1) appartiennent à la romane rustique primitive, puisqu' ils se retrouvent dans une ou plusieurs des langues néolatines.

(1) En voici les preuves:

Deus, Deo.

Les troubadours avaient Deus, sujet; et Deu, régime.

Anc. Port. Qual dona Deus fez mellor pareçer?

Canc. do coll. dos Nobres de Lisboa, p. 58.

Anc. It. Deo, voce che s' incontra frequente negli antichi, sebbene non

sia per lo più in uso presso i moderni:

Sol per servire alla magion de Deo.

Guitt. d' (Arrezzo) Arezzo, Not. 371, p. 274.

Amur.

Anc. Fr. Ai-jo vers Deu greignur amur.

Marie de France, t. II, p. 412.

Et, Et, Et, Et, Et, Et, Et (1: Je crois devoir répéter les mots aussi souvent qu'ils se rencontrent dans les serments), a été employé dans toutes les langues néolatines; quelques unes, celle des troubadours, l' ancien français, l' italien, ont parfois supprimé le T, surtout devant une consonne; l' ancien catalan et l' ancien espagnol disaient E, et; ensuite ces langues ont adopté en place la conjonction Y (N. E. o I).

Xristian, de christianus, latin. Voilà une opération de la langue romane rustique sur la langue latine. Ce mot a été formé par le retranchement de la désinence latine, caractéristique du cas.

Les troubadours ont toujours employé christian.

Le catalan employa cristiá, l' A accentué équivalant à AN; l' espagnol,

le portugais, l' italien, ont seulement ajouté l' O final euphonique, qui

a produit christiano (N. E. cristiano).

L' ancien français conserva long-temps, surtout dans le style de la

chancellerie, le type primitif de la romane rustique. On lit encore

dans les ordonnances de Louis XI:

Nostre dit Saint Père, comme bon père, et pasteur du peuple chrestian.

Ord. des Rois de France, 1478, t. XVIII, p. 425.

Poblo. L' ancien espagnol employait ce mot, qu' il a depuis modifié en pueblo.

Voyez le Fuero juzgo, passim, et le Glosario de Voces antiguadas (anticuadas), etc., qui est à la suite.

Nostro.

Anc. Esp. It. Nostro.

Commun, de communis, latin. La langue rustique l' avait modifié en

commun par le retranchement de la désinence latine.


Troub. Comun. Cat. Esp. Commun (comú; común). Port. Commum. 

It. Commune. Fr. Commun.

Salvament. J' ai déjà fait observer que ce mot était le produit d' une

opération systématique de la langue romane primitive.

La langue des troubadours, le catalan et le français conservèrent * cette désinence; le français, dans ce mot, ainsi que dans beaucoup d' autres, changea l' A intérieur en E, l' espagnol, le portugais, l' italien, joignirent à MENT la finale euphonique O.

D', DE. DE, latin, fut adopté par la langue des troubadours, par le français, le catalan, l' espagnol, le portugais, et même par l' italien, qui aujourd'hui emploie di; mais jadis il avait employé DE.

Quoique les dictionnaires de la langue italienne n' indiquent pas cette particularité, elle est constatée par des exemples tirés des auteurs anciens.

Lo cor fu paventato

De la sua annunciata.

od. VI.

Ma de la temperanza e pietate

La misericordia sì e nata.

Jacopone da Todi, cant. II.


IST, CIST, CIST.

Ist, d' iste, latin; cist, d' hiciste, latin.

La langue des troubadours adopta ist, est.

Cette même langue, et celle des trouvères, conservèrent cist, et employèrent cest.

Les anciens écrivains italiens, entre autres Dante et Pétrarque, se sont servis d' ESTO, d' ESTA, mais on a prétendu, et le Tasse lui-même a partagé cette erreur (1: Dans ses annotations sur Dante.), qu' ESTE était la sincope de questo.

Il est évident qu' ESTO, italien, venait d' ist des serments de 842.

Le Vocabolista bolognese, p. 146 (2: Gio. Antonio Brunaldi, Vocabolista bolognese. Bologna, 1660, in-12.), cite d' anciens vers où on trouve:

Perch' egli è re del popol d' esto regno.

Ainsi, il faut admettre que l' italien avait conservé cet esto comme la langue des troubadours et les autres langues de l' Europe latine.

Troub. Ist, est, cist, cest. cat. Est. Esp. Port. Este, isto.

It. Esto, questo. Fr. Cist, cest.

Di, de Dies, latin, resté dans la langue italienne, se trouve dans l' ancien français; les troubadours ont employé DIA. Il ne paraît pas invraisemblable que le passage du serment DI EN eût subi en DI l' élision de l' A, Dia en; mais je renonce à ce qui n' est que conjectures, quelque fondées qu' elles paraissent.

En, de IN, latin.

Ici la langue rustique romane a elle-même changé l' I en E.

Toutes les langues néolatines adoptèrent cet EN.

Troub. Cat. Esp. En. Port. Em. Anc. It. Fr. En.

Les grammairiens et les lexicographes italiens ont reconnu que l' ancien italien usait d' EN au lieu d' IN; ce qui n'est pas surprenant, puisque EN et IN sont également employés dans les serments. Mais il est á remarquer, au sujet d' ist di EN avant, qu' EN est mêlé dans une phrase formant un adverbe composé; ce qui permet de croire que cet EN était très ancien dans la romane rustique.

Vedi da che sei indulto

En ogni opra que vuoi fare.

Jacopone da Todi, lib. II, cant. 30.

En questa gloria di mala ventura.

Jacopone da Todi, lib. V, cant. 23.


Avant.

Troub. Cat. Avant. Anc. Esp. avante. Anc. Port. Aván. Fr. avant.


In, in, in, in, in, in.

On trouve dans le poëme sur Boèce:

Tot a in jutjamen. (v. 17.)

Tout a en jugement.

IN est resté dans la langue italienne.


Quant.

Troub. Cat. Quant. Esp. Port. It. Quanto (cuanto). Fr. Quant.


Mi, Mi.

Troub. Cat. Esp. Me, mi. Port. Me, mim. It. anc. Fr. Me, mi.

Fr. mod. Me, moi.


Si, si, adverbes d' affirmation, de SIC.

Troub. Cat. Esp. Port. It. anc. Fr. Si. 

(N. E. No olvidar el oc, òc, och, hoc afirmación)

Si, si, conjonction conditionnelle, du latin SI.

Troub. Cat. Esp. Si. Port. It. anc. Fr. Se. Fr. mod. Si.


Salvarai, salvar. Deux formes grammaticales essentielles de la langue rustique romane, dont il a été parlé page XI.


Eo, Eo, d' Ego,

L' ancien italien a employé EO, comme la langue des troubadours,

et le portugais EU.

In questa gente ch' EO descrivo adesso...

Barberini, Docum. d' amore, p. 35 et 107.

Ce serait ici le lieu de comparer quelques uns de ces quatre-vingt-cinq mots de la langue romane rustique avec les analogues des anciennes langues germaniques et des divers idiômes du Nord; j' ose croire qu' il en résulterait sans doute des rapports curieux, et peut-être d' utiles éclaircissements sur les origines de plusieurs des langues européennes.

Je me borne à constater un fait grammatical qui me semble de haute importance. 

J' ai prouvé que la romane rustique et toutes les autres langues néolatines ont admis le substantif indéterminé, HOM, om, on, d' homo, latin, pour exprimer une généralité de personnes.

Cette forme grammaticale a existé aussi très anciennement dans les langues germaniques et dans celles du Nord.

Le dictionnaire d' Alberti dit expressément d' eo, “che si trova frequentemente negli antichi poeti.”

Fradre, fradre, fradre, du latin fratrem.

Troub. Fraire. Cat. Frare. (N. E. chapurriau flare.)

Anc. Esp. Los fradres de la casa, omes bien acordados.

V. de S. Millán, cop. 351.

It. Frate. Fr. Frère.


Karlo, Karlo, Karle, de Karolus, latin.

Troub. Cat. Carle (Karles). Esp. Port. It. Carlo. (Carlos) Fr. Carle.


Ajudha, ajudha. Voyez page IV.


Cadhuna, j' ai déjà dit que c'est un mot hybride de la romane rustique, Voyez page VII.

Troub. Cada us. Cat. Cada hú. Esp. Cada uno. Port. Cada hum.


Cosa, du latin causa. Il est resté en italien.


Cum, de quomodo. Voyez page VIII.


Om, d' homo. Voyez p. VI.


Per, du latin per. Cette préposition a été adoptée par les troubadours, par la langue catalane et par la langue italienne.

On la retrouve dans l' ancien espagnol:

Fablar curso rimado per la quaderna via...

Cuemo se partet mundo per treb particion.

Poema de Alexandro, cop. 2 et 254.

Voyez le Glosario de Voc. antig., placé après le Fuero juzgo.

Anc. Port. Per flechas que eron lançadas.

Coronica del re D. Joanno, part. II, p. II.

Port. mod. Pera.

Au reste, on lit dans Paul Orose (Paulo Orosio), lib. VII:

Ante biennium romanae irruptionis, excitatae PER Stiliconem gentes

Alanorum. (N. E. alanos)

Et dans la Chronique d' Idace:

Superatis per Aetium in certamine Francis...

De Africa per Placidiam evocatus.

Rec. des Hist. de Fr., t. 1, p. 597 et 617.


Dreit, du lat. directum.

Troub. Dreit. Cat. Dret. Esp. Derecho. Port. Diricto. It. Dritto. Fr. Droit.
(N. E. aragonés dreito, dreyto; ver drecho)


Son, son, de suum.

Troub. Cat. Son. Anc. Esp. So. (moderno su)

Mandato de so señor todo lo han a far. Poema del Cid, v. 434.

L' italien a aussi employé so.


O, d' hoc, latin; cela, le.

La langue des troubadours a conservé cet o.

On le retrouve dans l' ancien portugais:

Que assi o provaria.

Doc. de 1315. Elucidario, t. I, p. 451.


Il, lo, l', li, substantifs relatifs.

Il, d' ille, est resté dans le français comme sujet, et a été employé parfois en italien comme régime.

Lo, l', s' est retrouvé dans toutes les langues néolatines.

Troub. Cat. Esp. Port. It. anc. Fr. Lo.

D' une part, ce conseil lo trait...

Que c' il tainent lo chapelain,

Il lo metront en mal pelain.

Nouv. rec. des fabl. et cont. anc., t. 1, p. 116 et 117.


Li, du latin illi.

Troub. Li. anc. Esp. Lli. It. Fr. Li.


Altresi. Voyez page VIII.


Ab. Voyez page IX.


Ludher, régime venant du latin Lotharius. (N. E. Alemán Luther, Lutero)


Nul, nulla, du latin nullus.

Troub. Cat. Nul. It. Nullo. Fr. Nul.

En cette acception, nul manque à l' espagnol et au portugais.


Plaid. Voyez pages V et VI.


Prindrai. Voyez page XI.


Qui, que, cui, du latin qui, quem, cui.

Qui, cui ont été conservés du latin.

Troub. Qui, cui, que. Anc. Cat. Que. Esp. Qui, que.

Port. Que. It. Che, cui, que. Fr. Cui, qui, que.


Vol, de l' indicatif du verbe volo.

Ce substantif, conservé par les troubadours, a été aussi adopté par

l' ancien français.

Troub. Don ieu dic que escurols

Non es plus lieus que sos vols.

R. de Tors de Marseille: Ar es dretz.

D' où je dis qu' écureuil n' est pas plus léger que sa volonté.   

Anc. Fr. Incontinent à son vueil obéirent.

Salel, trad. de l' Iliade, p. 127.


Loduuigs, Loduwig. Voyez page XIII. (Ludwig, Luis, Louis; Ludovico)


Sagrament, de sacramentum, conservé par les troubadours, le catalan et le français, avec la finale ment; et par les autres langues, en ajoutant à ment l' o euphonique.


Part, de l' accusatif latin partem.

Troub. Cat. Part. Esp. Port. It. Parte. Fr. Part.


Non, non, négation adoptée par toutes les langues néolatines.

Troub. Non, no. Cat. No. Esp. Non, no. Port. Não. It. Non, no. 

Fr. Non.


Jo, jo. Jo a été français et italien, yo espagnol (N. E. y catalán antes de Pompeyo Fabra). L' O, changé en EU, a produit chez les troubadours ieu, eu, et chez les Portugais eu; et depuis, changé en E, je dans la langue française.

Returnar. Voyez pages IX et X.


Ne, ne, de Nec, ni, latins, a été adopté par l' ancien provençal, par le français et par l' italien.

L' ancien espagnol l' avait employé:

En sacos ne en guilmas non podian caber.

Poema de Alexandro, cop. 1400.


Contra, du latin contra.

Adopté par toutes les langues de l' Europe latine, le français ayant seul changé l' A en E.


Le mot MAN, homme, a eu dans ces idiômes l' acception générale, et de plus l' acception particulière de substantif indéterminé.

Cette double acception se trouve dans l' anglo-saxon, dans le gothique d' Ulphilas.

Wachter, Gloss. germ., pense que cette forme a été fournie aux langues du Nord par la langue gothique. On trouve dans la traduction des Évangiles, par Otfrid:

Za nuzze grebit man ouh tar.

Ad utilitatem fodit homo quoque ibi,

Otfrid, Evang., lib. I, cap. 1, v. 137.

Voyez Ihre, Gloss. suio-gothic.

En danois, en suédois, en hollandais, en allemand (Mann; English man), MAN, substantif masculin, a conservé l' acception générale d' homme et l' acception particulière donnée à ON, roman. (N. E. alemán, man sucht, se busca, man macht, se hace, man weißt es nicht, no se sabe, etc.)

Je crois avoir prouvé que quatre-vingt-cinq mots des serments appartiennent à la romane rustique primitive.

Quant aux mots restants, 1°. il s' en trouve cinq purement latins. (1: Pro, pro, quid, damno, sit.)

2°. Cinq autres n' entrent dans aucune des classifications que j'ai indiquées; ils ne sont ni romans, ni latins. (2: Dist, doit; fazet, fera; stanit, tient; sendra, seigneur; iver, j' irai.)

3°. Dix-neuf mots peuvent, avec la plus légère modification, être comptés parmi ceux de la langue romane. (3:

Dunat, changé en dona par le changement de l' U en O et par la

suppression du T final.

Conservat, conserva,

Jurat, jura.)


Cette suppression en fait des troisièmes personnes du singulier au présent de l' indicatif roman.

Troub. Cat. Esp. Port. It. Dona, conserva, jura.

Le français a changé l' A final roman en E muet: donne, conserve,

jure.

Nunquam: il suffit de retrancher l' m.

Mica nonqua la te. Poëme sur Boèce, v. 14.

Mie jamais la tient.

Troub. Nonca. Cat. anc. Esp. Port. Nunca. Anc. Fr. Nonques.

Karlus, roman Carles (N.E. como Karles Puigdemont.).

Savir, podir; par une légère transmutation, saber, poder.

Troub. Cat. Esp. Port. Saber, poder. It. Sabere, potere. Anc. Fr. Saver, poer.


Meon, meon, meon.

Troub. Fr. Mon. (N. E. en chapurriau tamé: mon pare, mon germá, etc.)


Meos.

Troub. Meus. (N. E. en chapurriau tamé; estos llibres son meus.)


Fradra. Voyez page XVII, fradre.

Suo.

Troub. Sua.


Int, d' inde, latin.

Troub. Ent.

Ella 's ta bella reluz ent lo palaz. Poëme sur Boèce, v. 162.

Elle est si belle que le palais en reluit.

Anc. Esp. El non quiso ende parte nin óvo della cura. 

(óvo, ovo: hubo, tuvo)

Poema de Alexandro, cop. 1294.

Estaban maravilladas ende todas las gentes.

V. de Santa Oria, cop. 7.


Pois, pois, du latin possum.


Neuls, du latin nullus.

On a vu précédemment nul, nulla.

Nun, de non, latin.

Le véritable mot roman NON se trouve dans le serment du peuple français.


On ne saurait trop regretter qu' un document beaucoup plus considérable que les serments de 842 ne nous ait été transmis que dans une traduction latine, qui du moins constate son existence en romane rustique; je veux parler des allocutions que firent, en cette langue, Charles-le-Chauve et Louis de Germanie son frère, lors du traité de paix qu' ils conclurent en 860 à Coblentz (Koblenz, Coblenza), où ils avaient réuni des princes de leur famille, des évêques, des grands et leurs fidèles. On jugera aisément que les expressions de ce précieux document auraient confirmé ce que je dis sur l' existence et l' état de la langue romane au IXe siècle, et auraient fourni à mes assertions de nouvelles preuves et de nombreux développements.

Le roi Louis parla d' abord en langue théotisque; (1: Cette allocution fut longue, elle est traduite dans les capitulaires.

Baluzio, Capit. Reg. Fr., t. II, col. 141, 142, 143, 144.) 

Charles répéta la même allocution en langue romane. (2: Haec eadem domnus Karolus romana lingua adnuntiavit. Baluzio, Capit. Reg, Fr., t. II, col. 144.)

Louis de Germanie dit ensuite à son frère en langue romane: 

“Maintenant, si vous le voulez bien, je désire avoir votre parole au sujet de ces hommes qui me firent hommage de fidélité.” (3: Post haec domnus Hludouvicus ad domnum Karolum fratrem suum lingua romana dixit: “Nunc, si vobis placet, vestrum verbum habere volo de illis hominibus qui ad meam fidem venerunt.” Baluzio, Capit. Reg. Fr., t. II, col. 144.)

Et le seigneur Charles dit à haute voix en langue romane:

“Quant à ces hommes qui se conduisirent envers moi comme vous le savez, et vinrent auprès de mon frère, tous les méfaits dont ils se rendirent coupables envers moi je les pardonne à cause de Dieu et pour

son amour, et afin d' obtenir sa grâce: je leur accorde les alleux qu' ils ont eus par héritage ou par acquêt et par donation de notre Seigneur,  exceptant ce que j' avais donné moi-même, s' ils me fournissent l' assurance qu' ils seront en paix dans mon royaume, et qu' ils y vivront comme des chrétiens doivent vivre dans un royaume chrétien, et cela si mon frère accorde également à mes fidèles qui ne commirent aucun méfait envers lui, et qui m' aidèrent, quand il en fut besoin, les alleux qu' ils possèdent dans son royaume. Quant à ces alleux, et même quant aux fiefs que les autres obtinrent de moi, j' agirai envers ceux qui reviendront à moi, sans prendre d' engagement à cet égard, d' après ma volonté, comme je le déterminerai mieux avec mon frère.” (1)

Enfin Charles parla encore en langue romane, exhorta à la paix, et exprima le voeu, qu' avec la grâce de Dieu, tous les assistants retournassent chez eux sains et saufs; il mit ainsi fin aux allocutions. (2)

(1) Et domnus Karolus, excelsiori voce, lingua romana dixit:

“Illis hominibus qui contra me sic fecerunt sicut scitis, et ad meum fratrem venerunt, propter Deum et illius amorem et pro illius gratia, totum perdono quod contra me misfecerunt, et illorum alodes de hereditate et de *conquisitu, et quod de donatione nostri Senioris habuerunt, excepto illo quod de mea donatione venit, illis concedo, si mihi firmitatem fecerint quod in regno meo pacifici sint, et sic ibi vivant sicut christiani in christiano regno vivere debent. In hoc si frater meus meis fidelibus, qui contra illum nihil misfecerunt, et me, quando mihi opus fuit, adjuvaverunt, similiter illorum alodes, quos in regno illius habent, concesserit. Sed et de illis alodibus quos de mea donatione habuerunt, et etiam de honoribus, sicut cum illo melius considerabo, illis qui ad me se retornabunt, voluntarie faciam.”

Baluzio, Capit. Reg. Fr., t. II, col. 144.

(2) Et tunc domnus Karolus iterum lingua romana de pace commonuit, et ut, cum Dei gratia, sani et salvi irent, et ut eos sanos reviderent, oravit, et adnuntiationibus finem imposuit.

Baluzio, Cap. Reg. Fr., t. II. Col. 144.

La traduction de ces diverses allocutions romanes a fourni plus de six cent cinquante mots latins, et il faut observer que tous les discours romans n' ont pas été traduits.

Voilà donc sept à huit cents mots romans dont l' existence au IXe siècle est constatée, et qui auraient sans doute fourni le moyen de compléter la démonstration qu'à cette époque cette langue avait déjà reçu la plupart

des développements et des genres de perfection qu' on a remarqués dans les langues néolatines.

Mais si ces preuves utiles, quoique surabondantes, manquent, il me sera permis de recueillir et de rapprocher celles que fournissent divers fragments de cette langue romane rustique à l' époque de 960. (1)

Dans le peu de mots qu' ils ont conservés, ces fragments offrent une correspondance intime avec le style des serments de 842, et il n' est pas possible de méconnaître l' identité des formes grammaticales et lexicographiques. (2: Choix des Poésies originales des Troubadours, t. II, p. 49 et s.)

Serments de 842. Actes de 960.

Substantif, Sagrament. Sacrament, p. 50.

Subst. et adj, Li. Li tolra, li devedara, p. 40, 42.

Relatifs. Lo, l'. Lo tornara, p. 40.

O. Non o farai, si o tenra, p. 46, 42.

Que. Que combatre, p. 41.

Que no las, per so que, p. 42, 43.

Adj. indét. Nul. Nul, p. 45.

Verbes. Salvar, returnar. Trobar, p. 46.

Salvarai, prindrai. Tolrai, vedarai, prendrai, p. 41.

Négation. Ne, non. Ne las, ne no, p. 45.

Préposition. Ab. Ab ti, ab te, ab els, p. 44, 43, 46.

Per. Per bataillia, p. 41.

Ajouterai-je qu' il a existé, conformément aux conciles de 813, des homélies, des discours, qu' adressaient au peuple les ministres de la religion, expressément chargés dé prêcher en romane rustique

(1: Homelias quisque aperte transferre audeat in rusticam romanam linguam. Labbe, Concil. de 813, t. VII, col. 1263.)

Mais à défaut de ces documents qui expliqueraient et démontreraient toujours plus évidemment les principes ingénieux, les regles simples et habiles qui présidèrent à la formation et au développement de la romane rustique, on peut établir et indiquer avec succès la comparaison et les rapports des diverses langues néolatines; oui, l' homogénéité de leurs imitations de la langue latine, l' unité méthodique des modifications qu' elles ont ou faites ou acceptées comme de concert, fourniraient à elles seules la preuve incontestable de leur unité, et de l' existence d' un type primitif intermédiaire, d' après lequel chaque langue paraît avoir développé, ou plus tôt ou plus tard, les moyens communs à toutes, en marquant son individualité par des formes spéciales, des particularités caractéristiques.

Tableaux

divendres, 4 de gener del 2019

Clar, obvi que no és català

- Mira, aixó es ocsitá:
"entran los laires e rauben lo castel e la maisó"

- Clar, obvi que no és català.
- Pos u hay tret de les Homilíes de Orgañá.
Fatxa ¡¡


-Mira, esto es occitano; "entran los laires e rauben lo castel e la maisó" -Claro, obvio que no es catalán. -Pues lo saqué de las Homilías de Organyà. -Facha ¡¡

entran los laires e rauben lo castel e la maisó

- Mira, aixó es ocsitá:
"entran los laires e rauben lo castel e la maisó"

- Clar, obvi que no és català.
- Pos u hay tret de les Homilíes de Orgañá.
- Fatxa ¡¡



-Mira, esto es occitano; "entran los laires e rauben lo castel e la maisó" -Claro, obvio que no es catalán. -Pues lo saqué de las Homilías de Organyà. -Facha ¡¡

dimecres, 12 de desembre del 2018

homilías en catalán, Orgañá

Dicen que en Orgañá se redactaron unas homilías en catalán, supuestamente son de fines del s.XII. Pero es erróneo llamarle así a tal lengua, porque geográficamente tal aldea no era Cataluña que además aún no existía como entidad geopolítica, como lo podía ser la taifa valenciana o el reino de Navarra


Dicen que en Orgañá se redactaron unas homilías en catalán


OCCITAN

Este prestigioso historiador nos delimita el territorio catalán de entonces, que se circunscribe a las actuales provincias de Barcelona y Gerona;


"Cataluña la Vieja era un territorio situado entre los Pirineos, el mar y una línea que unía aproximadamente la desembocadura del Llobregat con los macizos del Montsec, y de la que forman frontera los cursos de este río y del Cardoner." (García de Cortázar; La época medieval, Alianza Madrid. 1973)



mapa, CAT, Catalunya, García de Cortázar; La época medieval, Alianza Madrid. 1973

No tos cregáu tot lo que veéu o lligíu :










Homilies d'Organyà
d' autor desconegut
Joaquim Miret Sans (transcripció)
Les Homilies d'Organyà són un dels documents literaris més antics escrits en català, per l'època i l'arcaisme d'escriptura el seu llenguatge es troba entre el llatí vulgar i la llengua romanç del català.

HOMILIES DE QUARESMA

SEGONS LO MANUSCRIT D'ORGANYÀ

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 «Per zo dix sapi salamo. Uanitas uanitancium et omnia uanitas ... set caritas nuncam excidit. Totes les coses del segle son uanitats e caden e tornen enient mas carita iames no cadra e cels qi la segieran ia unqua nos faliran. E per zo si sins uolem gardar de perdicio e de uanitad obs auem a saber qe es caritad. Karitas est dileccio dei et proximi. caritad es propriament qe om am deu mas qe nula res. e tot cristia aixi com si elex fedelment. Aqesta es la mor de Deu e de tot xristia. per zo a nom caritad qar del es pus car qe nula res. Cel om a caritad en si. acui es pus car zo qe pus car li deu eser zo es deu el espirit dom qi ia sempre durara e totes altres coses temporals periran. E per aizo. S. per les coses peridors no uulams lo gog del durable paradis perdre. Ni per les uanitats del segle qui gian om a les penes..... (segueixen algunes ratlles esborrades en la part dreta de la plana).....

als presentz, venir, for durable, omnes, Pedro II


 Sapiatz S. [Senyor?] que zo apela o lasmosna caritad..... qar cel qi dona almosna asson proxme fa be et a Deu plader et amor e onranza e deus radrallsen bo gadardo perpetual a c. dobles et als bons et als mals del remedi dinfern e de la gloria de paradis. Sapiatz S. qe tot lo be qe om fa tu diz per bo cor e per pentencia de deu tot es caritat e lauament del anima. E per zo dix sent paul en lapistola que nulla obra non es bona ni perfeita senes caritad zo es cel qi a caritad no ret mal per mal e cels qi estan mal fa auenir. E encara aqel qia caritad no a enuega a nula re e no mou barala a nul om e no mou barales entre uns frares e altres, qia zoa noa ergul. Qi caritad a noqer aqels coses qe sues son, zo es qe no uol la uolluntad de la carn mas solament de lanima. Zo es qe noa cor e mal a fer, mas en seger dretera e ueritad Aqel om. S. qi te la persecucio del segle sapiatz qe noa perfeita caritad qar qe caritad noa paor for de deu. Et encara si dix sent paul en la..... 


 Ex parte enim cognouimus et ex parte prophetamus. De la una part conoxem e de laltra profetam, zo es qe conexem aqest segle qe es nient, empero prohfitam lo regisme de deu lo qel es perfeita causa. E pero aqeles coses qi son del segle periran. Cum essem paruulus loqebar ut paruulus, sapiebam ut paruulus, cogitabam ut paruulus. Qan om es macip penssa aixi com macip e sab aixi com macip. Et empero qan es feit om lex aqeles coses qe son de macip. Moltes coses qe emacipea a feites esment, qar ia a om uergonia a dir zo que dezie qan ere macip. Aixi sera fora aqest segle uil en ues aqel qe es auenir. Donches frares cars aiam carita uera senes ira, senes auarea, senes urgul, senes mala cobeeza, per zo qe la caritad de deu sia espandida els nostres cors Q. i. p. d. c. p.


 Dominica in LX.ª In illo tempore cum turba plurima conuenirent et de ciuitatibus properarent ad ihesum dixit per similitudinem. Exiit qi seminat seminare semen suum. S. nostre S. dix aqesta paraula per semblant et el esposa per si elex. Aqel qui ue seminar la sua sement e dementre qe semenaua la una sement cadec prob de la uia e fo calzigad els ocels del cel mengaren aqela sement. Aquest seminador dix. n. s. qe son los maestres de sent eglesia..... . Los auzels del cel qi mengaren..... los diables qi tolen la paraula de deu..... e per males obres. Et aliut cecidit supra petram, et natum aruit quia non habebat humorem. Aqela sement qe cadeg sobre la pedra fo seca per car noi auie humor demostra la paraula de deu qi cad el cor del om e uen diable e la tol del cor, per zo qar noa humor de caritad. Et aliud cecidit inter spinas et simul exorte spine suffocauerunt illud. Et aqela sement qi cadeg en les espines demostra la paraula de deu qi cad entrels auers dels rics omens daqest segle qar pensen de lurs riqezes e no segeixen la paraula de deu e amen les terenals coses e meins preden les cestials. Et aliut cecidit in teram bonam et ortum fecit fructum centupulum. Aixi aqela sement qi cadeg en la bona tera demostra lo cor del bon xhrisptia qi reten be la paraula de deu e la ment en obra.


Co es senes auarea e senes adulteri et senes escarn e senes neguna oreeza primerament no entemen los apostols de qi. n. s. ordene. E ia dixeren adel interrogabant autem eum discipuli eius qe esset hec parabola. Seiner trastot poderos sia tu platz fes nos entendre aqesta paraula. E. n. s. dix adels uobis datum est nose misterium regni dei ceteris autem in parabolis. A uos es donad a conexer lo mester del regisme de deu pusqe aqels qi no creren per paraules. Donces frares cars rezebam la paraula de la predicacio de ihesu xhrist en goig e retingams la en nostre cor qe diable no la pusca gitar de nostre cor et aixi farem fruit en paciencia senes nulla oreeza. Sapiats. s. qe qi mas se trebalara dels afans de deu en est segle maior gazardo naura el seu regisme. Donces fraires cars esforcennos qels pecats en que somo nos lexen, e nostres penitencies prenam per zo qe ihesu xhrist nos deu portar denant los angels el cel. Qi. i. p. d. i. l.


 In illo tempore ecce ascendimus ierosalimam et consumabuntur omnia qe scripta sunt per profetas de filio hominis. S. qan. n. s. ihesu xhrispt anaue per les terres de iherusalem ab los seus disciples el los dix zo que del ere auenir aixi com lauengeli odix en aquesta gisaEcce ascendimus. i. e. c. o. q. s. s. p. d. f. o. Ara zo dix. n. s. i. x. als seus diciples nos entrarem en la Ciutat de iherusalem e sera acabad tot zo qe de mi an escrit les profhetes. En aital gisa dix. n. s. Yo sere tradid e pres e liad et escopid e lanceiad e pugad en crod e coronad despines et al terzer dia resusetara. Els diciples de n. s. no enteneren adaquela hor les paraules qe el los dizie de la sua passio e de la sua ressureccio entro al dia qe els uideren e conogren com el o ac dit. E qen els no enteneren les paraules qe el los ag dites li fet n. s. un precios miracle dun ceg qe el alumena dauant els. Aqest ceg ere itera prob de ierico et el acaptaues tot zo don uenie. E qan ozi que. n. s. i. x. i pasaue per aqela terra el comenza a cridar en aquesta gisa. Ihesu fili d. d. miserere mei. Seiner fil de d., merce aies a mi et aqeles companges de les gents qi anauen dauant. n. s. manazauen ad aqel ceg e dezienli qe calas. E com els li manazauen el mas li cridaue. Ihesu fili d. d. m. m.. O seiner fil de la uerge merce ages de mi. En. i. quan audi aizo qe tan fort lo pregaue e li clamaue merce, esteg et aturas e fedlos amenar dauant entre la gent gran e demanali qe qeria et el dix. Domine ut uideam. Seiner trostor poderos sia tu platz que ueia et en apres daico. n. s. posa la sua benedita ma sobrels uls del ceg espre el uit. El ceg qan ag uist fed grans gracies a nostre S. esegil en totes bones obres. E les compaines de les gens qan uiderent lo tan gran miracle feren grans gracies e grans laudors a. n. s. S. audid auetz del ceg qe n. s. alumena per la sua vertud e per lo poxeule quel ceg li fazie de merce a clamar per qe el no estaue per los menazadors qil volian fer calar. Et el on mas li menacauen el mas cridaue. Aixi com odid auetzIhesu. f. d. d. m, m. S. sapiatz qe aizo porta aital figura de tot pecador qi es en tenebres de mort et en cega de pecad e dauoleza e de no fe. E per aizo S. deuem clamar merce de dia e de nuit a. n. s. qe el nos traga de tenebres de mort e de no fe ens do alumenament de la sua vertut. Aizeles gentz qi menazauen al ceg qe calas porta figura dels fols pensamentz de les cures daqest segle qins destorben en oracions et en bones obres. E per zo. S. fazamo nos aixi com lo ceg o fet e trobarem mercia ab. n. s. aixi com audid auetz per les paraules del sent euengelii. Can. n. s. uenia de iherusalem pendre passio de la ·· lo ceg auetz audid li clama merce mas el no la troba a la primera uegada. E com el comenza. n. s. a clamar a forza de cels qil manaien calar. n. s. li ac merce aital com el la demanda qar el li qis uezer et el uit sempre. E nosatre si elex qen sem en tenebres de pecad e de mala uoluntat-pregem n. s. ab bona fe e ab bones obres per zo qe el nos do alumenament de la sua gracia qe nos entendam, la sua paraula e segescam lo seu manament..... mas per la torba del uans pensamentz del segle qins destorben en oracions et en bones obres fazamo o aixi com lo ceg fed qe com mes lo mandauen calar el mas clamaue merce a. n. s. e per zo troba mercia. E nos S. com mas no destorban les cures daquest segle els desirers carnals els uans pensamentz nos mas deuem puxular. n. s. ab pregs e ab oracions et ab deiunis et ab oficis et ab almoines et ab oblacions et ab uegilies et ab romeries et ab bones obres de fe e de caritad entro a. n. s. ne prena merce per lo puxoule de les oracions e de les bones obres aixi com ac merce al ceg qi pouxoula a forza daqueles gens qil manauen calar. E per aixo. s. nos clamem merce e mercia a. n. s. i. xi., qe a forza dels nostres pensamentz e dels desigs carnals qe el nos faza uenir enan memoria et e enan sanitat auera penitencia et auera confessio ens do uida durable per totz temps. Cui est honor et gloria.
Conuertimini ad me in toto corde uestro in ieiunio et fletu et planctu et scindite corda uestra et non uestimenta uestra ait dominus omnipotens S. audir et entendre deuem. n. s. per la sancta scriptura e con nos apela dolzament tornad uos a mi zo dix. n. s. ab tot nostre cor et ab tota nostra pensa no dix merca ab la meitad del cor mas ab tot lo cor perque qar del cor ixen totes les obres qe son feites primerament son pensades e pux son messes en obra. Qi de cor exeunt male cogitaciones del cor ixen males cogitacions homicidis adulteris fornicacions monzonges periuris cobezes auaredes e tots los mals del mon. E per aixo dix. n. s. conuertimini ad me in toto corde uestro tornaduos a mi zo dix. n. s. de tot uostre cor..... de bon cor a. n. s. no no fara daltra causa qan el dix donos cor demostra qe de totz sos pecatz si deu om partir. Car si pren om penitencia de sos pecatz sils a feits dom qe aia mort et altres moltz enrote ab si negu pauc li ual sa penitencia aixi com dix. Quid prodest uiro si tota domus claudatur et unum relinquitur in ea foramen. Quel predes ad om zo dit qi ben tanca sa casa o son castel ei laxa un trauc on entran los laires e rauben lo castel e la maiso. Qel predes ad om qi a pres altrui auer o per engan o per ladronici o per tolta o per fals jutgament e pren sa penetencia o no aqel auer pauc pred li te aquela penitencia et el la cuide pendre o no la pren. E per zo dix. n. s. si ergo offers munus tuum ad altare et. r. f. q. f. t. a. a. u. t. r. i. o. t. a. t. u. p. r. f. f. et tunc. u. o. a. a. Si tu vols a mi uenir zo dix. n. s. e tum uols ren donar del teu uate primerament acordar ab ton proxme a cui mal auras fait. Car enant no redebria tu ni ton do. Aizo aferma sent agosti. Si res aliena non reditur propria quia pecatum sit cum redi posit penitencia nangitur. Aizo dix que no perdonaria deus pas lo pecad ad om qe aia altrui auer si nol red e nossen acorda ab el si far o pod. E si far no o pod si li clam merce. S. bo es altrui auer a pendre mas males a rendre. Qar aixi o trobam en la homelia de sent gregori qe. u. monge fo e qan se dec morir derezi totson auer e partil estirs dos besans qe li oblidaren e per aqels dos besans deg esser perdud en infern et estec ne XXX dies en pena. E per aizo dix. n. s. Conuertimini ad me. i. t. o. u. i. i. et f. et d. c. et. u. c...Tornaduos a mi de tot uostre cor en ieiuni et en oracions et en plorar et en planier et en trencar uostres cors. Trencar manda lo cor per aizo qe om se tola les males cogitacions els pecatz de si. E qes qe peccads aia om faitz entro aizi ne qas qe falimentz ara en la senta qeresma de. n. s. nos deuem tornar a deu ab almosnes et ab uigilies et ab oracions et abones obres qe fazames. E per aizo .S. clamem merce e merca a. n. s. qe el nos do a fer zeles obres per qe la sua amor puxam auer al exir daquest segle. Q. de ipse. p. d. qi. c. p.


Dominica in iclo XL.

 In illo tempore. Ductus est ihesus in deserto a spiritu ut tentaretur a diabolo. Et cum ieiunaset XLª diebus et XLª noctibus postea esurit. S. audir et entendre deuem lo sent evangelii per que aizo uol dir e mostrar qel .n. s. grans penas e grans trebals e grans dolors soferi per nos per aizo qar el nos uolg saluar e trer de poder de diable. Qar en aixi trobam qe el dejuna XLª dies. XLª nuitz qe anc no beg ne menga et en apres si ag fam. S. el no deiuna gens per zo qe el ages peccad feit per qe el deges fer penitencia ni deges deiunar mas per exemple o fet de nos e per zo que nos deiunasem per los nostres peccads. E per aizo qar el deiuna XLª dies e XLª nuitz mostra qe el ere uer deus. Et aizo qe el ag fam mostra ere uer om. E per aizo deuem cretre qe el fo uer deus e uer om. Et en apres si dix leuangeli qe can. n. s. ac fam si ueng lo diable a el e uolglo temtar e dix. Si filius dei es dic ut lapides isti panes fiant. Si tu es fil de deu di a les pedres qes tornen pa e mangan. E .n. s. respos ad el e dix. Non in solo pane uiuit homo. s. i. o. u. q. p. d. o. dei. No uiu om solament de pa mas de les paraules de deu uiu om et es de ueritat car en aixi com lo cors mor si no a pa terenal aitambe mor larma si no a pa cestial. Aizo es la paraula de deu. Qan lo diable uit e conog qe re de azo no faria .n. s. portal en la ciutad senta de iherusalem e posal sus el temple e dixli. Si filius dei es mitete de orsum. Si tu es lo fil de deu laxat cader en aual qe los teus angels ti soferan e not faras mal. E .n. s. respos e dix ad el. Non tentabis dominum deum tuum. Tu ia no tentaras deu lo teu seinor. Qan lo diable uit qe re daizo no faria .n. s. portal in mont oliuis el pus alt mont qi es en la tera de flum iorda e mostrali tot lo mon e tota la gloria del segle e dixli. Tot aizo te mostrad te donare sit gites als meus peds emadores. Ad aqela paraula .n. s. respos e dix. Va de retro satana. Deu el seinor deu om adorar et ad el solament seruir. S. ara podetz audir com es diable mals et es ardidz e com a gran poder. Molt fo ardit qan el uolia tentar aqel seinor qi es .s. de tot lo mon per qel diable pogra cegar sis uolges e gitar en infern si qe iames no nasqes. E .n. s. ac tant gran humilitad per qe el se lexa exaiar a diable a no nos torna ad el ni anc mal no li fed. Mas lexetse ad el portar portar perert et exaiar a seu esperit. Aizo dona a nos exemple qe nos deuem sofrir nostres enemigs e mostra qe no deuem redre mal per mal qe auantz deuem auer paciencia et humilitad per aizo qar diable exaiet .n. s. qi es cab de totz omens. Docs be podem saber qe negu om no escapara qel diable nol exag just ni pecador per qe qar el tenta lo primer om adam qe deus auia feit al seu semblant et a la sua image el auia espirad del seu sent espirit el auia pausad en paradis. Anc aizo nolne gari qel diable nol temtas e nol enganas laintz en paradis. E lo temta per glotonia qen li fet mengar lo pom de paradis lo qel deus li auia uedad. El lo temta de uana gloria qan li dix. Eritis sicut dii. Tu seras aixi com deus. Temtal per auarea qan li dix. Scientes bonum et malum. Tu sabras be e mal. Per aqestes tres coses uolg temtar lo diable .n. s. per aizo qar el uenceg lo primer om adam. Diable exaia .n. s. per glotonia qan li dix que fedes de la pedra pa. E lo exaia de uana gloria qan li dix qes lexas cader del temple qe nos faria mal. Et lo exaia dauarea qan li dix qe lo mon li daria sis gitaue a tera als seus peds el adoraue. S. be ere fol lo diable qe aizo qe feu no ere ni en sompoder. Aizo li uolia donar. Tot era de n. s. zo qe el li uolia donar ni el li prometia. Mas lo diable li uolia tolre tot son regisme e tot som poder si poges. Ara auetz audid com lo diable tenta om per glotonia de mengar e per uana gloria e per auarea. Nousen poden tant dir qe encara no aia mes de folia diable e de maleza. S. gardar nos deuem daqestes coses qe odides auem e guardar nos deuem maierment de tentacio de diable e del seu engan. E gardar nos deuem de mala uoluntad e de leges paraules e de monconges e dergul e de superbia e qe deiunen la senta qerentena ab almoines ab oracions ab bona voluntad qe deuem atendre a sante ecclesia a odir nostres menestris e qe deus nos parcesqe nostres pecats for qe farem. S. dels grans pecats qe fem qan de les fols paraules qe dezim aurem a redre rado al dia del judici per qe .n. s. nos o dix ab la sua domenga boca nonso mana gens per altre. Mas el noso ueng dir propriament del cel ontera aixi com el o dix de omni occiosa quod loccuti fuerint homines reddent racionem de eo in iudicii die. De totes les paraules e de totz los faits qe om fa aura a redre rado al dia del iudici a. n. s. E les prefetes nosen porten garenza. Ret damus domino labiorum nostrorum et predes qi locuntur mondanii. Negu de nos zo dit no enganassem los altres qar tals nia daicels qi cuidara enganar son uedi et engane si elex. S. qant qe aiam feit entro aici ara nosen deuem emendar a. n. s. en aqesta senta qerentena. Qar zo es lo desme del dies de lan qar deuem nostres cors..... fer deiunar et estar en oracions et en fer bones obres qe qan uenra al dia de la resureccio qe dignes siam de redebre lo seu precios de ihesu xrispti. Q. i. p. d. c.


Dominica ua.....

 Egressus ihesus inde cecessit un partes Tiri et Sidonis. Et ecce mulier cananea a finibus illis egresa clamauit dicens ei. Miserere mei domine. f. e. d. f. m. m. a. d. uexatur. S. audir et entendre deuem sent Mateu lapostol et euangelista qe dix enen euangeli qe ades auetz ozid. Dir vol e mostrar qe qan n. s. anaue per la tera si ana el per les teres doltra mar per qe el sa proximaue a la passio que deuie rede en iherusalem tot per zo qels falses iudeus nol anasen cercar en altra terra ia ueng el en les ciutatz qi son en riba de mar qi son molt fortz si qels fils disrael anc no les pogren pendre per forza. Aicestas III. ciutatz apela om per so nom la una tir elaltra Sidon. Aquesta qe om apela tirus. Sg. las tribulacions daquest segle. E laltra qe. o. a. sidon. sg lo poble qi ans del aueniment de . i. xi. menaua diable a mort. Mas ia ueng una femna qi era en aquela terra e auia una fila qi auia mal de dimonis et ela audi dir qe. n. s. ere en aqela tera et exi de sa tera et ana cercar lo seinor per zo qe garis sa fila. E ia ueng la femna en aqela tera e troba lo seinor trastot poderos e clamali merce e dix. fili d. d. mi. mi.. O seiner fil de la uerge merce aies de mi. S. per aqesta femna deuem entendre sancta ecclesia qi ere morta entre la mala gent. Et en aixi com aqesta. f. dementre qe fo en sa terra no clamaua merce a deu tot exoant aqeles males gentz dementre qe adorauen les ydoles e foren descrents no clamaren merce a deu. Donces. S. aqesta femna gran fe ag per qe qan sa fila no mena e creceg qe de sola za paraula de .n. s. garia sa fila. Molt gran sauieza ag ab si aizela f. per qe qar en persona dom conog deu zo es qe uit la umanitad e credeg la diunitad et encara si dix femina fili d. d. m. mi. filia mea. or a. d. uexatur. O seiner fil de dauid la mia fila a mal de demoni. S. per aqesta .f. deuem entendre les gentz qi eren meins credents. Et en aixi com aqesta .f. pregaua per sa fila tot exament sancta eglesia no ceses de pregar per son poble qe uinga a saluament zo es a la fe de crist. Et encara deuem entendre. per la fe de. crist la nostra carn e per la fila la nostra anima. E per zo si la fe es malauta zo es la nostra anima qi es el nostre cors. per nul pecad qe lo cors aia fet. la mare zo es la nostra carn deu clamar merce a deu per deiuni e per almoines. e per oracions. e per tot be feit per qe deliure la fila de poder de diable qi la te. Et encara .s. per la .f. deuem entendre la nostra anima. e per la fila la nostra carn. Aizo deuem saber qe si la fila zo es la nostra carn fa nuil pecad sempre a mal de demoni la anima. E la donc la mare deu pregar. zo qoue a saber qe es la anima qi deu pregar per deiunar e per almoina e per oracions qe deus la deliure daqel pecad en qe es. et encara .s. deuen saber qe .n. s. no respos a la .f. per tres uegades. la primera qar aquesta .f. ere pagana. la segona qe per auentura no dixesen los falses judeus aqesta .f. de la nostra generacio pres carn. e ua a les altres gentz tot per zo qe no agesen escusa los judeus qe nol credegesen. la terza qe uolian prouar si auian misericordia los seus diciples qe pregasen per aqesta .f. ono. Mas ia pregaren los seus diciples al. n. s. seiner sia tu platz aias merce ad aqesta .f.. E per zo qe los falses judeus credegesen qe el ere ihesu crist. ere misericordios ia exaudi el los pregs dels apostols tot per zo qe no dixesen los iudeus aqest no es misericordios. per .la .f. qi clamaue merce a. n. s. deuem entendre qe pos la pasio e la resureccio. e la ascencio. de. ihesu xrist. per la predicacio dels apostols credeg tot lo poble qi ere paga per los apostols qi pregaren. per aquesta .f. deuem entendre los doctors de sancta ecclesia qi dia cotidi pregan deu per els. Et enaxi con los apostols pregauen per la .f. tot exament pregan los preueres per totz cristians qe deus los aport a bona fi. Et en aizo podem conoxer qe deus no od pecadors per qe qar ana aqesta .f. no la uolg audir tro qe ag parlad ab los diciples. zo coue asaber qe qan ag parlad ab los preueres et ele per la penitencia sempre fo deliurada del poder del demoni. Aizo porta significanza de tot peccador qi esta en peca et en males obres. audir nol uol. n. s. oñ can el se part de pecad e de males obres e pren sa penitencia fermament sempre li es perdonad tot son pecat. E per aizo .s. clamen merce e misericordia. a. n. s. qe el nos do adir et a fer zeles obres qe qan exirem daquest segle qe segurament puscam uenir al seu celestial palaz qe el a promes als seus fodels.
 »Dominica III. Erat dominus ihesus eiciens demonium et illud erat mutum.»